SOMMAIRE
-Trafic
en tous genres
- L’appel de la chair
- Crise du logement
- Tour du monde des espèces
- Inverser
la vapeur
- La biodiversité
entre en politique
- La biodiversité,
c’est bon pour la santé
- T’as ton NAC ?
- Zoo de gènes
Eté
2004. Vercors sud. Au cœur des alpages de
la Drôme, une barrière
électrique dévie les marcheurs.
Ils sont priés d’aller traîner
leurs godillots ailleurs. Sur l’itinéraire
du sentier balisé, un enclos et deux molosses
à poils blancs protègent les moutons
de l’agresseur : le loup. Pourtant éradiqué
il y a une cinquantaine d’années
à coups de primes de destruction et d’appâts
à la strychnine, le prédateur fait
son grand retour dans les Alpes. Et ce n’est
pas pour plaire à tout le monde. Dans le
Diois, ils ne sont que deux, suffisamment pour
déclencher les foudres des bergers. Car
le loup en France a toujours eu mauvaise presse.
Intrus, ennemi, symbole de la sauvagerie, le deuxième
plus grand carnivore européen (après
l’ours) a fait l’objet de toutes les
campagnes d’éradication. C’est
à Charlemagne que l’on doit le début
officiel des hostilités, lui qui organisa
la traque au « fauve », qui mit en
place l’organe des lieutenants de la louveterie.
Cette animosité reconduite au fil des années
aboutit au XIXe siècle à la disparition
totale de l’animal de l’Hexagone.
L’histoire aurait pu s’arrêter
là. Mais la gestion de la nature dépasse
les frontières. Vénéré
et apprécié en Italie (Rémus
et Romulus ont été élevés
par une louve), le loup a, en 1992, franchi les
cols italiens pour s’installer chez nous.
Cette année, 32 ont été aperçus
ou entendus. Selon les estimations, ils pourraient
atteindre une cinquantaine au total (2500 en Espagne,
entre 500 et 1000 en Italie)…
Si
pour le loup, l’histoire, bien que houleuse
, semble bien se terminer, l’épilogue
n’est pas aussi radieux pour les centaines
d’espèces chassées dans le
monde, pour leur fourrure, leur peau ou leurs
défenses.
En
un siècle, plus de 100 espèces de
mammifères et 150 espèces d’oiseaux
ont disparu
La
biodiversité entre en politique
La convention sur la diversité
biologique a été adoptée
au Sommet de la Terre en 1992 à
Rio. Elle constitue le cadre principal
de l’action pour la préservation
et l’utilisation durable et
équitable de la diversité
biologique et de ses ressources génétiques.
A ce jour, 188 pays, dont la France
depuis 1994, ont ratifié cette
convention. Dix ans plus tard, lors
du Sommet de Johannesbourg, la communauté
internationale s’est donné
pour objectif de réduire la
perte de biodiversité d’ici
2010. L’Union européenne
a affiché son intention d’inverser
la tendance à travers la stratégie
européenne pour la biodiversité.
Début 2004, le gouvernement
français a décliné
ces engagements dans sa stratégie
nationale pour préserver la
biodiversité. www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/044000063.shtml |
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Trafic
en tous genres
5 juillet
dernier, une dépêche AFP annonce
une prise record à Madrid. 2880 kg d’ivoire
illégal ont été retrouvés.
Valeur estimée : 420 000 euros ou 400 éléphants,
c’est selon. Un massacre lorsque l’on
sait que les populations de pachydermes baissent
drastiquement. Ils étaient 2,5 millions
sur le continent africain dans les années
70. Ils sont moins de 400 000 aujourd’hui.
La raison majeure ? La commercialisation des défenses.
Interdit de commerce pendant 8 ans (de 1989 à
1997), l’ivoire opère son grand retour
sur les marchés. Et c’est surtout
en Asie qu’elle fait fureur. Les «
hankos », sortes de tampons personnalisés
que l’on offre à la naissance, sont
de plus en plus souvent fabriqués à
partir de défenses. Les saisies sont fréquentes.
En 2002, les autorités de Singapour ont
intercepté 40 810 hankos emballés
ayant quitté l’Afrique du Sud.
Les
éléphants ne sont pas les seuls
à pleurer leurs défenses. De nombreuses
espèces sont sur-chassées aujourd’hui
à des fins commerciales et beaucoup d’entre
elles sont menacées de disparition. Au
Cambodge, le tigre ne compte plus que quelques
milliers d’individus, alors qu’au
début du XXe siècle, près
de 100 000 d’entre eux foulaient les sous-bois
de Bokor. Chassés, capturés par
des méthodes aussi barbares que clandestines,
les populations continuent de se raréfier.
Pour les marchands d’animaux, le trafic
est florissant : un kilo d’os de tigre se
monnaie 8000 euros et un kilo de pénis
de tigre, suprême aphrodisiaque chez les
Chinois, jusqu’à 2000 euros.
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2
à 3 espèces s'éteignent
toutes les heures
(UICN) |
L’appel
de la chair
On pourrait
évoquer également le cas des baleines
dont la pêche suspendue pendant près
d’une vingtaine d’années est
à nouveau autorisée en Islande,
Norvège et au Japon malgré les nombreuses
mises en garde des écologistes. Celui des
thons rouges dont la chair fait les frais de la
nouvelle vogue des sushis et sashimis. La pêche
intensive de la morue (cabillaud), espèce
largement en danger… Au Canada, le Comité
sur la situation des espèces en péril
estime que « les stocks de morue ont diminué
de 99% dans l’Atlantique Nord ces 30 dernières
années ». Pour l’organisation
« c’est la pire catastrophe biologique
et socioéconomique dans le pays ».
On pourrait parler encore de la fin annoncée
de la tortue marine d’ici une vingtaine
d’années si rien ne change. Victimes
de prises accidentelles, souvent retrouvées
dans les mailles du filet au milieu de crevettes
ou crochetées dans les zones de pêche
à la palangre, ce reptile vieux de 100
millions d’années décline
sérieusement.
T’as
ton NAC ?
Caméléons, mygales,
chimpanzés, reptiles, poissons
d’ornement (dont certains génétiquement
modifiés) ont trouvé
refuge dans les foyers français.
Ces NAC, nouveaux animaux de compagnie,
adorables au début peuvent
être source de maladie. En captivité,
arrachés à leur milieu
naturel, ils souffrent et dépriment
sérieusement. Libérés,
ils peuvent poser de graves problèmes
sur la faune sauvage. Enfin leur capture
peut entraîner l’extinction
de l’espèce. |
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La
liste est longue. Le commerce international des
espèces sauvages brasse des milliards de
dollars par an et porte sur des centaines de millions
de spécimens de plantes et d’animaux.
La Convention sur le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvages menacées
d’extinction, dite Convention de Washington
ou CITES, compte parmi le 1,5 million répertorié,
900 espèces menacées d’extinction
et plus de 32 000 susceptibles de le devenir si
leur commerce n’était pas réglementé.
rwww.redlist.org
En
Afrique orientale,
peu d’animaux sauvages survivent en dehors
des parcs nationaux et des réserves de
gibier
Zoo
de gènes
A mesure que le nombre de grands mammifères
et autres animaux diminue, les zoos
et parcs animaliers jouent le rôle
de banque de gènes, accueillant
et assurant la reproduction des espèces
menacées. Il se peut que dans
quelques années, certaines
espèces aient cessé
d’exister à l’état
sauvage. Les générations
futures découvriront ces populations
encore vivantes derrière les
grilles des zoos. A Chizé,
dans les Deux-Sèvres, Zoodyssée
est un parc animalier de 25 hectares
où vivent et se reproduisent
plusieurs centaines d'animaux européens,
pour certains en danger. Situé
sur le site des sciences et de la
nature de la forêt de Chizé
(Réserve biologique intégrale),
le parc participe aux programmes de
gestion et de protection de la faune
sauvage. www.zoodyssee.org |
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