
Les
abeilles dans le guêpier
Apparue sur terre il y a 45 millions
d’années, l’abeille a façonné
notre nature, participant à l’éclosion
sur « Gaïa » de cette vie végétale
sophistiquée que sont les plantes à
fleurs. Depuis, son rôle de pollinisateur
a permis leur reproduction et le développement
des fruits. Autrement dit, elle est plus qu’indispensable
à notre écosystème. Nos destins
respectifs sont d’autant plus liés
que le miel, ce dessert le plus ancien du monde,
nous apporte ses vertus thérapeutiques,
curatives et préventives.
Une mortalité
six fois plus importante
et la production deux fois plus faible.
Mais depuis quelque
temps, l’abeille mellifère, qui a
traversé intacte des millions d’années,
souffre d’un mal étrange. Chaque
printemps, près du quart des ruches françaises
sur les 1,35 millions dispersés dans le
pays, perdent leurs habitants. L’année
dernière, par endroits, l’hécatombe
a atteint des proportions inégalées,
comme dans le Gers, la Haute-Garonne ou le Morbihan.
De 35.000 tonnes
de miel en 1995, la production a fondu à
25.000 tonnes en 2001, alors que la consommation
est d’environ 40.000 tonnes par an (Union
Nationale de l’Apiculture Française).
Parallèlement, la mortalité hivernale
des abeilles n’a cessé d’augmenter,
passant de 10 à 60% en dix ans. Pour le
seul miel de tournesol, la production est passée
en deux ans de 75 à 30 kg par ruche.
En ce qui concerne
les hécatombes récentes, de mauvaises
pratiques agricoles ont été mises
en évidence dans les enquêtes préliminaires
: mélanges interdits de produits toxiques,
qui du fait décuplent leur nocivité
sur l’environnement. Ou encore épandages
sur les champs des pesticides,
importés illégalement, non autorisés
en France.
Mais comment expliquer
la baisse constante de la production de miel depuis
dix ans ?
Un insecticide
en particulier, le Gaucho, est soupçonné
par les apiculteurs d’avoir des effets néfastes
sur les abeilles. Cet insecticide dit systémique,
dont la molécule active est l’imidaclopride,
enrobe les semences et libère ses substances
toxiques au fur et à mesure de la croissance
de la plante.
Les études
sur la nocivité de ce produit commercialisé
par le multinational Bayer se sont révélées
cependant contradictoires. Il faut dire que les
enjeux commerciaux sont de taille : il est commercialisé
dans environ 140 pays et utilisé sur plus
de 70 cultures différentes.
Néanmoins,
les abeilles apparaissent sensibles même
aux doses infimes d’imidaclopride. Selon
plusieurs études (INRA, CNRS, AFSSA) l’insecticide
incriminé perturberait leur sens de l’orientation
et leurs facultés d’apprentissage.
Dans le doute, l’utilisation
du Gaucho est suspendue sur le tournesol depuis
trois ans. Par contre, les semences traitées
à l’imidaclopride restent commercialisées
pour d’autres plantes, notamment le maïs…
Quant au tournesol, le Gaucho fut rapidement remplacé
par un autre insecticide systémique, aux
effets tout aussi douteux.
La décision
récente du gouvernement sur le maintien
de l'emploi de Gaucho sur le maïs suscite
la révolte des apiculteurs. Ils ont décidé
d'intenter un nouveau recours en Conseil d'Etat
afin que le principe de précaution soit
respecté.
Seulement, les dégâts sur l’environnement
sont difficilement chiffrables. En attendant,
les abeilles deviennent de tristes indicateurs
d’une pollution invisible, résultant
de trente années d’un productivisme
à tous crins.
une
société organisée
Dans
une ruche cohabitent trois catégories
d’individus : la reine, les ouvrières
et les mâles ou faux bourdons, représentant
à la belle saison en moyenne 60 000
individus.
La reine, élément majeur de
la colonie, peut vivre jusqu’à
4 ans et est nourrie à la gelée
royale.
Fécondée par plusieurs mâles
au cours du vol nuptial, elle pond jusqu’à
3000 œufs par jour. Une ruche sans
reine dépérit.
Une ouvrière occupe différentes
fonctions suivant son âge : nettoyeuse
de cellules, puis nourrice de jeunes larves,
bâtisseuse d’alvéoles,
gardienne de la ruche et ventileuse pour
réguler température et hygrométrie,
et pour finir butineuse chargée de
la collecte du pollen et du nectar. Néanmoins,
la division du travail peut varier indépendamment
de l’âge, en fonction des besoins
de la ruche.
Lorsqu’elle est butineuse, l’abeille
peut suivre un chemin très complexe
suivant les miellées, à plusieurs
kilomètres de distance de la ruche,
mais elle rentre directement, à ‘vol
d’abeille’. La précision
pour localiser la ruche est de l’ordre
de deux mètres, même sans aucun
repère visuel !
Le bourdon a le rôle le plus ingrat
et pathétique : il ne sert qu’à
féconder, et finit par mourir de
faim et de froid après avoir approvisionné
la spermathèque de la reine. |
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DOSSIER
ENVIRONNEMENT & PHENOMENES
Pour Imprimer
DD
Texte de Anneli Airaksinen
La
communication au sein de la ruche
La cohésion
d’une colonie d’abeilles est
basée sur la communication, ou la
capacité d’émettre et
de recevoir des messages de différentes
façons.
Les abeilles sont de véritables usines
à phéromones, qui émettent
des signaux odorants d’une précision
étonnante. En particulier la reine,
qui par ce biais régularise la vie
sociale de la ruche. Grâce à
ses secrétions volatiles, la matriarche
stérilise ses filles, tout en maintenant
une cour fébrile autour d’elle.
La trophallaxie omniprésente (échanges
de la nourriture entre individus) renforce
encore la circulation d‘informations
odorantes au sein du nid. Les signaux émis
par la reine, les phéromones royales,
servent aussi de carte d’identité
pour toute la colonie. Ainsi, seuls les
insectes étrangers à la ruche
sont attaqués par les gardiennes.
Au ‘langage odorant’ se juxtaposent
deux autres modes de communication : la
danse et le langage antennaire.
La fameuse danse des abeilles fut découverte
par le savant allemand Karl Von Frisch dans
les années vingt. C’est par
ses curieuses figures nommées ‘la
danse en rond’ et ‘la danse
frétillante’ que l’abeille
informe ses camarades de l’emplacement
des sources de nourriture, de propolis,
d’eau ou des sites de nidification
lors de l’essaimage.
Dans le ‘langage antennaire’,
moins connu celui-ci, ce sont les entrecroisements
frémissants des antennes entre les
insectes qui correspondent à un échange
de signes. Leur nombre est potentiellement
élevé. Deux bâtons qui
se croisent avec deux autres peuvent, selon
les positions respectives, produire plus
d’une centaine de signaux... Mais
on ne connaît pas tous les secrets
du système de communication des abeilles,
loin s’en faut.
www.tecfa.unige.ch |
Les
produits de la ruche :
La propolis
est une substance résineuse récoltée
par les abeilles sur les bourgeons ou l’écorce
de certains arbres comme le peuplier. C’est
une substance brune, très odorante,
dont la consistance varie suivant la température.
La propolis est un excellent antiseptique
naturel, elle stoppe le développement
de nombreux germes pathogènes. Elle
a également des vertus anesthésiantes
et analgésiques.
Elle est commercialisée sous différentes
formes : en morceaux (à mâcher),
en extraits alcooliques ou aqueux, gélules,
gommes… On l’utilise aussi dans
de nombreux produits de soins à usage
externe et produits de beauté.
La propolis contient environ 30% de cire
et divers autres constituants : substances
résineuses, baumes, huiles essentielles,
pollen.
La
gelée royale
est l’alimentation exclusive des larves
de reines pendant tout leur développement.
Dans des expériences menées
chez l’homme, on a mis en évidence
un effet euphorisant. La gelée royale
est ainsi préconisée en cas
de fatigue intense, de perte d’appétit
et de sénescence.
Les protéines et les acides aminés
libres sont les principaux constituants
de la gelée. Elle est également
riche en vitamines du groupe B. Mais elle
contient surtout une substance rare, l’acide
hydroxydécénoïque, qui
est doté de propriétés
antibactériennes, antifongiques et
antigerminatives.
Le
pollen est la nourriture de base
des larves. Les abeilles ajoutent aux pelotes
de pollen qu’elles ont récolté
un liant formé d’un mélange
de nectar et de salive. Ce pollen élaboré
apparaît donc différent de
celui produit par les étamines de
fleurs.
C’est un complément alimentaire
intéressant, dont la consommation
régulière peut pallier à
certains déficits alimentaires, notamment
en matière de vitamines. C’est
aussi un régulateur des fonctions
intestinales aux propriétés
antibiotiques. Son usage serait utile également
en cas de surmenage psychique et physique.
La teneur du pollen en protéines
et acides aminés libres est exceptionnelle
(de l’ordre de 20%). La plupart des
sels minéraux (sélénium,
potassium, magnésium…) et des
vitamines y sont présents. Les études
récentes ont également révélé
la présence d’autres micro-nutriments
comme les polyphénoles, aux propriétés
antioxydantes et oestrogéniques,
et les phytostérols qui régissent
l’absorption du cholestérol.
Site :
www.beekeeping.com |

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