ENCORE
DU SAUMON
- "Qu’est-ce
qu’on mange ce soir ?
- Du saumon.
- Comment ? ENCORE du saumon ?"
Fumé,
tranché, farci, en darnes, le saumon, mets
autrefois réservé aux fêtes,
est devenu un produit banal et vulgaire. On le
retrouve à bas prix sur tous les étals
et à toutes les périodes de l’année,
alors que les populations sauvages s’épuisent.
La plus grande partie de la production est en
fait issue de l'élevage industriel.
Elevage
ou pêche ?
Beaucoup de scientifiques
européens poussent au développement
de l’aquaculture comme mode de production
complémentaire de la pêche de poisson
sauvage.
Or, pour nourrir des poissons carnivores tels
que le saumon, on a recours à des farines
de poissons. Ce "poisson fourrage" (anchois
et apparentés, sardines, chinchards, maquereaux
etc.) est pêché à bord de
chalutiers pélagiques dont le plus grand
représentant, l’Atlantic Dawn, mesure
144 mètres de long pour un chalut de 400
mètres de large. Les filets attrapent tout
sur leur passage, les poissons ne sont pas triés
et passent à la broyeuse pour être
transformés en farine. Cependant, tous
ces poissons sont des proies nécessaires
au développement des espèces sauvages,
dont le saumon. L’accroissement de la pêche
due au nourrissage des poissons d’élevage
accentue encore le déséquilibre
des écosystèmes marins déjà
victimes des prélèvements destinés
à la consommation humaine.
On communique sur le fait que la pisciculture
est une solution à la baisse des ressources
halieutiques. Or, non seulement nous venons de
voir que c’est une vue détachée
de la réalité mais c’est en
plus prendre le problème à l’envers.
Pour lutter conter la diminution des stocks, il
convient d’appliquer une véritable
gestion de la pêche. Cela signifie adapter
l’effort de pêche aux ressources disponibles,
utiliser des techniques plus respectueuses des
écosystèmes et assurer la préservation
de certaines zones maritimes.
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DOSSIER
EKWO ATTITUDE
Elevage
et pollution
La pratique de
l’élevage elle-même est source
de pollution.
Dans le cadre de l’élevage intensif,
la forte concentration des spécimens par
volume d'eau accroît les risques de développement
rapide des épizooties . D’où
l’usage massif d’antibiotiques. Le
problème est que l’eau des bassins
de pisciculture communique avec l’extérieur
donc la quantité d’antibiotique est
très difficile à doser. Par conséquent,
les doses utilisées sont parfois trop importantes,
ce qui tue la microfaune environnante, élément
indispensable au maintien des écosystèmes
marins. Ces conséquences sanitaires et
écologiques
sont typiques des pratiques d'élevage intensif.
Enfin, les poissons
d’élevage sont des variétés
particulières différentes des espèces
sauvages locales. Ce qui induit un double risque
: celui de transfert de maladie aux espèces
sauvages et les fuites des poissons d’élevage
qui à terme remplaceront l’espèce
sauvage locale. Ce cas est apparu en Ecosse. De
nouveaux problèmes pourraient surgir avec
l’autorisation d'élevage de saumons
génétiquement modifiés (voir
Ekwo n°2).
Le
saumon biologique d'élevage
Le saumon issu de pisciculture
biologique ne concerne qu’une très
faible partie de la production et ne pourra pas
remplacer la pêche, cela pour des raisons
de quantité de production. Cependant, pour
le plaisir des papilles et sauvegarder la planète,
mieux vaut consommer du saumon de qualité
en petite quantité que de se gaver de saumon
industriel.
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