CROQUE
LA POMME
Manger,
c’est bon pour la santé ?
L’automne approche. Avec elle, ses châtaignes,
ses potées au coin du feu et sa désormais
traditionnelle semaine du goût. Pour cette
15e édition, Ekwo vous invite à
passer à table et à lorgner dans
votre assiette et celle de votre voisin. Au menu,
les relations alimentation-santé, des conseils
pour mieux décrypter les étiquettes,
et des tuyaux pour éduquer notre palais.
Depuis le printemps,
toute la presse en parle. Le monde est trop gros
et ça commence à poser de sérieux
problèmes. Selon l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) un milliard de personnes
est en surpoids et 300 millions obèses.
Et si le problème est particulièrement
aigu outre-atlantique au pays des Super size,
la France peut commencer à s’inquiéter
également. Le taux d’obésité
est passé de 6% en 1990 à 11,3%
en 2003 et il augmente de 17% par an. Désormais,
près de 10 % des adultes et 12 % des enfants
de 5 à 12 ans sont concernés par
ce fléau qui, selon l’OMS constitue
« une cause majeure de handicaps et de maladies
chroniques ».
En France
15 millions de personnes sont en surpoids dont
5,4 millions
d’obèses
Si les français
n’engloutissent pas forcément plus,
ils mangent certainement moins bien. Pour s’en
convaincre, il suffit d ‘étudier
les fameux quatre-heures. Terminées les
fameuses tartines beurre-confiture. Les gâteaux,
barres chocolatées ou viennoiseries les
ont détrônées sous couvert
d’équilibre, d’apports vitaminiques
et autres bienfaits sur la santé. Des arguments
que les consommateurs semblent bien avaler. Gabegie.
«An
apple a day keeps the doctor away»
Ca fait des années qu’on
le répète, l’alimentation
joue un rôle majeur sur notre santé.
En 2001, un rapport du Haut comité de santé
publique le confirme en démontrant que
les facteurs nutritionnels sont impliqués
dans de nombreuses pathologies dont l’obésité.
A la lumière de ces résultats, une
politique nutritionnelle de santé publique
a été mise en place sur l’Hexagone.
Depuis janvier 2001, le programme Nutri-Santé
a du pain sur la planche. Parmi les objectifs
fixés : augmenter la consommation de fruits,
de légumes et de calcium, diminuer la moyenne
des apports lipidiques totaux, favoriser la consommation
de glucides (moins de sucres simples et plus d’amidon)
et réduire la consommation d'alcool.
Pour y parvenir,
tout le monde s’y est mis. En premier lieu,
les institutions de santé. Ainsi la Caisse
nationale d’assurance maladie et le Comité
Français d’Education pour la Santé
nous ont rabâché pendant plusieurs
années qu’il fallait manger des endives,
des choux, des pommes... Et elles n’ont
pas tort. Dotés d’un faible index
glycémique, les fruits et légumes
provoquent un faible taux d’insuline et
évitent le stockage des graisses. Riches
en fibres et de faible densité calorique,
ils favorisent la satiété. Et, petit
bonus, la présence d’antioxydants
(bétacarotène, vitamine C vitamine
E, polyphénols, phytostérols, sélénium,
zinc) aurait un effet bénéfique
sur les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Plus de 200 études ont établi des
corrélations entre le nombre de fruits
et légumes avalés et le risque de
contracter des maladies. Pour les frugivores réticents,
le risque de cancer est de 1.5 à 2 fois
plus élevé (source INPES). N’hésitez
plus à croquer la pomme.
Croquer
à tout
Pourquoi diversifier sa consommation
? Parce que chaque fruit ou légume possède
sa propre particularité nutritionnelle
et que chaque partie de la plante telles les racines
(carotte, navet, betterave, radis…), les
feuilles (chou, épinard, salade…)
ou les fruits (pomme, tomate…) présente
des éléments complémentaires.
- Vitamine C : surtout dans les
agrumes, la fraise, le chou, le poivron, le persil…
- Carotène : que l’on
retrouve dans la carotte, l’abricot, la
mangue, l’épinard…
- Vitamine B9 : dans les salades…
- Polyphénols : que l’on
trouve dans le raisin noir, les fruits rouges,
les agrumes ainsi que dans la pomme.
- Minéraux : beaucoup
de potassium (mais très peu de sodium),
apports intéressants en calcium, magnésium,
fer et oligo-éléments variés.
Pour être
en pleine forme, le mieux est de mélanger,
de combiner fruits et légumes, crus et
cuits. 5 par jour, soit environ 400 g, c’est
le minimum. Mais c’est avec 10 par jour
que vous atteignez les 800 g souhaités
selon les experts. Et ce n’est pas si difficile.
Les fruits et légumes peuvent s’accommoder
très simplement et surtout très
rapidement. Certains légumes peuvent se
manger sans être épluchés
ni même cuits : tomate, courgette, concombre,
poivron, chou-fleur, endive… D'autres peuvent
être cuisinés en moins de 10 minutes,
cuits à la vapeur ou à peine «
saisis » au wok : champignons, brocolis,
fenouils sautés, endives ou poireau vapeur…
Quant aux fruits –de saison de préférence-,
il n’y a rien de plus rapide ! Ils ne nécessitent
aucune préparation. Il suffit de les croquer
à pleine dent : pomme, poire, pêche,
prune, raisin, cerise, framboise….
Lire
entre les lignes de l’étiquette
Evidemment, il ne s’agit
pas de se nourrir que de fruits et légumes.
Pour bien s’alimenter, il faut manger de
tout et non pas n’importe quoi. Pour y parvenir
? Comprendre le langage des étiquettes.
Obligatoires sur l’ensemble des produits,
elles rassemblent une mine d’informations.
Mais souvent surchargées, elles sont difficiles
à comprendre. Séance de décryptage.
L'étiquetage
figure en général sur l’emballage.
Parfois des informations peuvent se trouver sur
le fond d'une boîte, sur le couvercle d'un
bocal, il faut donc ouvrir l'œil. L’étiquette
contient tout d’abord des mentions obligatoires
: la date limite de consommation, les quantités,
les coordonnées du fabricant, le numéro
de lot, la liste des ingrédients et additifs.
Viennent ensuite de nombreuses mentions facultatives
: labels, AOC, certifications et informations
sur la composition nutritionnelle. Pour les produits
d’origine animale, la marque de salubrité
qui précise notamment le pays d’origine
doit y être ajoutée. Enfin, on trouve
des « allégations » : ce sont
les mentions « nouveau », «
naturel », « allégé
en », « enrichi en », bref les
nouveaux pièges de la consommation. Parfaitement
subjectifs, ces qualificatifs répondent
avant tout à une logique commerciale. Et
ça marche !
Labels,
attention
Qui dit label ne dit pas
forcément garanti sans OGM. Pour
preuve le cahier des charges des Labels
Rouge. Il ne présente pas obligatoirement
de règlement relatif à l’utilisation
des OGM dans l’alimentation de ses
animaux d’élevage. Ce qui signifie
qu’un poulet Label Rouge a très
bien pu être nourri avec du maïs
génétiquement modifié.
En revanche, les produits au logo AB issus
de l'agriculture biologique sont garantis
sans OGM. |
© EKWO
|
DOSSIER
EKWO ATTITUDE
Les
additifs aux noms mystérieux
Emulsifiants, antioxydants,
E211, E471, E 1025…
de nombreuses appellations mystérieuses
figurent sur les étiquettes et font
souvent la part belle aux rumeurs. On les
a dits « cancérigènes
» un jour, « toxiques »
le lendemain. Qui se cachent derrière
ces noms de code, qui sont ces « additifs
» ?
Un additif
est une substance que l’on ajoute
aux denrées alimentaires pour remplir
colorer, sucrer ou conserver. Il en existe
plusieurs catégories. Les plus connus
sont les colorants et les conservateurs.
Les premiers permettent de modifier la couleur
d’un produit et de lui conférer
un aspect attrayant. Si on leur reproche
souvent d’être chimiques, il
ne faut pas oublier que certains sont tout
de même parfaitement naturels comme
la cochenille, qui teint en rouge, la chlorophylle,
en vert, ou le caramel en brun. Les conservateurs,
quant à eux, empêchent les
bactéries d’envahir les aliments
et de maintenir leur qualité nutritive.
On trouve ensuite les antioxydants, qui
ralentissent les phénomènes
d’oxydation, les émulsifiants,
épaississants et gélifiants
qui permettent l’homogénéisation
de produits ne pouvant se mélanger
naturellement, les révélateurs
de goûts, qui augmentent l’intensité
des saveurs, et les édulcorants,
qui servent à sucrer les aliments
ou à remplacer le sucre pour les
produits light.
L’utilisation
de tous ces additifs est strictement réglementée.
Leur toxicité est étudiée
et il n’est possible de les utiliser
que s’ils n’induisent pas le
consommateur en erreur et qu’ils ne
présentent aucun risque pour la santé.
Leur utilisation semble donc sans danger.
Et reste un bon moyen pour les professionnels
de l’agroalimentaire de donner du
goût (ou de l’odeur) à
des produits qui n’en n’ont
que peu ou pas du tout…
E100 à E180 |
Colorants alimentaires |
E200 à 297 |
Conservateurs |
E300 à E321 |
Anti-oxydants |
E322 à E495 |
Emulsifiants, stabilisants, gélifiants |
E500 à E585 |
Acides, alcalis, etc... |
E620 à E641 |
Révélateurs de goût |
E900 à E1520 |
Divers |
Des
OGM dans notre assiette
Depuis
le printemps, la présence
d’OGM doit être signalée
sur les étiquettes |
Les E-quelque
chose sont inévitables dans nos assiettes
mais c’est en connaissance de cause.
Pour les OGM, le système n’est
pas aussi transparent. Il est probable que
des organismes génétiquement
modifiés s’invitent dans nos
plats en sauce sans que nous le sachions.
Là encore, l’étiquette
peut être d’un grand secours.
Devant les pressions des consommateurs,
l’Union Européenne a pris des
mesures sur l’étiquetage des
OGM. Les premières ont vu le jour
entre 1997 et 2000, et ont été
complétées récemment.
Depuis le 18 avril 2004, tous les fabricants
ont pour obligation de faire figurer sur
les emballages de leurs produits la mention
"produits à partir de maïs/soja/colza
génétiquement modifié"
non seulement si les produits contiennent
plus de 0,9% de ces céréales,
mais également s’ils sont issus
de ces mêmes céréales.
Ainsi, une multitude de composants alimentaires
(comme l'amidon, l'huile, le sucre) sont
désormais potentiellement concernés
par l'étiquetage, ce qui n’était
pas le cas auparavant. Pourtant selon Greenpeace,
60 à 80 % des OGM pénètrent
encore "à notre insu" dans
la chaîne alimentaire. Comment ? Via
l'alimentation des animaux d'élevage.
En effet, la réglementation actuelle
permet aux éleveurs de choisir de
nourrir leurs animaux avec des OGM sans
que le consommateur en soit informé.
Pour les contourner, l’association
a une fois encore mobilisé les consommateurs
et présente sur son site la liste
des produits à éviter.
http://greenpeace.datapps.com/
detectivesOGM/actu20040626.php3 |
La
Ferme de Gally
Idéal pour les petits
parisiens qui croient que les carottes poussent
dans des carotiers ou que les petits pois
se ramassent déjà tout écossés.
Ouverte au public en 1984, cette exploitation
a mis en place une cueillette en libre service
qui offre aujourd’hui un espace de
50 hectares de fruits, fleurs, légumes…issus
d’une agriculture « raisonnée
». Ouvert d’avril à novembre,
on chausse les bottes, on prend sa brouette,
et c’est parti pour la cueillette.
De nombreux panneaux pédagogiques
expliquent aux enfants comment poussent
les légumes et les fruits ou comment
sont utilisés les insectes pour éliminer
les pucerons. A ce jour déjà
21000 scolaires y ont été
accueillis.
www.gally.com |
L’école
se met au bio. Logique !
On
doit l’initiative du « manger
bio » dans les restaurations collectives
à la Fédération Départementale
des CIVAM (centre d’initiatives pour
valoriser l’agriculture et le milieu
rural) du Gard. Cette démarche éducative
originale, née en 1993, permet de
proposer régulièrement des
repas à base de produits biologiques
contrôlés et certifiés.
Le concept s’est aujourd'hui étendu
à une soixantaine de sites de restauration
collective de France : collèges,
restauration municipale pour les scolaires,
crèches, mais aussi dans certaines
Sociétés de Restauration Collective
(SRC) privées. Unplusbio, Association
qui accompagne les personnes et les structures
souhaitant participer à cette démarche,
a recensé en 2003 déjà
95 entreprises proposant une gamme Bio complète
pour la Restauration Collective. Une idée
qui suit son chemin…
www.unplusbio.org |
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