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DOSSIER ENVIRONNEMENT & PHENOMENES

                                               Pour Imprimer DD

HOMO
DESTRUCTOR
                                                               Texte : Hélène Binet
                                                               Illustration : Michel Devoucoux



L’homme à la conquête
de l’espèce


On en connaît 1,5 million, elles sont en réalité nettement plus. Elles sont animales ou végétales. Exotiques, endémiques, diaboliques, féériques, énigmatiques. On les cueille, les chasse. Elles nous soignent, nous alimentent. Elles sont des millions, varient à l’infini et forment la grande chaîne de la biodiversité. Une poignée d’entre-elles s’éclipse chaque jour, sous la pression de l’homme, plus grand prédateur de son espèce.  

SOMMAIRE

-Trafic en tous genres

- L’appel de la chair

- Crise du logement
- Tour du monde des espèces

- Inverser la vapeur

- La biodiversité entre en politique
- La biodiversité, c’est bon pour la santé
- T’as ton NAC ?

- Zoo de gènes



Eté 2004. Vercors sud. Au cœur des alpages de la Drôme, une barrière électrique dévie les marcheurs. Ils sont priés d’aller traîner leurs godillots ailleurs. Sur l’itinéraire du sentier balisé, un enclos et deux molosses à poils blancs protègent les moutons de l’agresseur : le loup. Pourtant éradiqué il y a une cinquantaine d’années à coups de primes de destruction et d’appâts à la strychnine, le prédateur fait son grand retour dans les Alpes. Et ce n’est pas pour plaire à tout le monde. Dans le Diois, ils ne sont que deux, suffisamment pour déclencher les foudres des bergers. Car le loup en France a toujours eu mauvaise presse. Intrus, ennemi, symbole de la sauvagerie, le deuxième plus grand carnivore européen (après l’ours) a fait l’objet de toutes les campagnes d’éradication. C’est à Charlemagne que l’on doit le début officiel des hostilités, lui qui organisa la traque au « fauve », qui mit en place l’organe des lieutenants de la louveterie. Cette animosité reconduite au fil des années aboutit au XIXe siècle à la disparition totale de l’animal de l’Hexagone. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais la gestion de la nature dépasse les frontières. Vénéré et apprécié en Italie (Rémus et Romulus ont été élevés par une louve), le loup a, en 1992, franchi les cols italiens pour s’installer chez nous. Cette année, 32 ont été aperçus ou entendus. Selon les estimations, ils pourraient atteindre une cinquantaine au total (2500 en Espagne, entre 500 et 1000 en Italie)…

Si pour le loup, l’histoire, bien que houleuse , semble bien se terminer, l’épilogue n’est pas aussi radieux pour les centaines d’espèces chassées dans le monde, pour leur fourrure, leur peau ou leurs défenses.

En un siècle, plus de 100 espèces de mammifères et 150 espèces d’oiseaux
ont disparu

 

La biodiversité entre en politique
La convention sur la diversité biologique a été adoptée au Sommet de la Terre en 1992 à Rio. Elle constitue le cadre principal de l’action pour la préservation et l’utilisation durable et équitable de la diversité biologique et de ses ressources génétiques. A ce jour, 188 pays, dont la France depuis 1994, ont ratifié cette convention. Dix ans plus tard, lors du Sommet de Johannesbourg, la communauté internationale s’est donné pour objectif de réduire la perte de biodiversité d’ici 2010. L’Union européenne a affiché son intention d’inverser la tendance à travers la stratégie européenne pour la biodiversité. Début 2004, le gouvernement français a décliné ces engagements dans sa stratégie nationale pour préserver la biodiversité.
www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/044000063.shtml

 

Trafic en tous genres
5 juillet dernier, une dépêche AFP annonce une prise record à Madrid. 2880 kg d’ivoire illégal ont été retrouvés. Valeur estimée : 420 000 euros ou 400 éléphants, c’est selon. Un massacre lorsque l’on sait que les populations de pachydermes baissent drastiquement. Ils étaient 2,5 millions sur le continent africain dans les années 70. Ils sont moins de 400 000 aujourd’hui. La raison majeure ? La commercialisation des défenses. Interdit de commerce pendant 8 ans (de 1989 à 1997), l’ivoire opère son grand retour sur les marchés. Et c’est surtout en Asie qu’elle fait fureur. Les « hankos », sortes de tampons personnalisés que l’on offre à la naissance, sont de plus en plus souvent fabriqués à partir de défenses. Les saisies sont fréquentes. En 2002, les autorités de Singapour ont intercepté 40 810 hankos emballés ayant quitté l’Afrique du Sud.

Les éléphants ne sont pas les seuls à pleurer leurs défenses. De nombreuses espèces sont sur-chassées aujourd’hui à des fins commerciales et beaucoup d’entre elles sont menacées de disparition. Au Cambodge, le tigre ne compte plus que quelques milliers d’individus, alors qu’au début du XXe siècle, près de 100 000 d’entre eux foulaient les sous-bois de Bokor. Chassés, capturés par des méthodes aussi barbares que clandestines, les populations continuent de se raréfier. Pour les marchands d’animaux, le trafic est florissant : un kilo d’os de tigre se monnaie 8000 euros et un kilo de pénis de tigre, suprême aphrodisiaque chez les Chinois, jusqu’à 2000 euros.

2 à 3 espèces s'éteignent toutes les heures
(UICN)

L’appel de la chair
On pourrait évoquer également le cas des baleines dont la pêche suspendue pendant près d’une vingtaine d’années est à nouveau autorisée en Islande, Norvège et au Japon malgré les nombreuses mises en garde des écologistes. Celui des thons rouges dont la chair fait les frais de la nouvelle vogue des sushis et sashimis. La pêche intensive de la morue (cabillaud), espèce largement en danger… Au Canada, le Comité sur la situation des espèces en péril estime que « les stocks de morue ont diminué de 99% dans l’Atlantique Nord ces 30 dernières années ». Pour l’organisation « c’est la pire catastrophe biologique et socioéconomique dans le pays ». On pourrait parler encore de la fin annoncée de la tortue marine d’ici une vingtaine d’années si rien ne change. Victimes de prises accidentelles, souvent retrouvées dans les mailles du filet au milieu de crevettes ou crochetées dans les zones de pêche à la palangre, ce reptile vieux de 100 millions d’années décline sérieusement.
T’as ton NAC ?
Caméléons, mygales, chimpanzés, reptiles, poissons d’ornement (dont certains génétiquement modifiés) ont trouvé refuge dans les foyers français. Ces NAC, nouveaux animaux de compagnie, adorables au début peuvent être source de maladie. En captivité, arrachés à leur milieu naturel, ils souffrent et dépriment sérieusement. Libérés, ils peuvent poser de graves problèmes sur la faune sauvage. Enfin leur capture peut entraîner l’extinction de l’espèce.

La liste est longue. Le commerce international des espèces sauvages brasse des milliards de dollars par an et porte sur des centaines de millions de spécimens de plantes et d’animaux. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite Convention de Washington ou CITES, compte parmi le 1,5 million répertorié, 900 espèces menacées d’extinction et plus de 32 000 susceptibles de le devenir si leur commerce n’était pas réglementé. rwww.redlist.org

En Afrique orientale,
peu d’animaux sauvages survivent en dehors des parcs nationaux et des réserves de gibier

Zoo de gènes
A mesure que le nombre de grands mammifères et autres animaux diminue, les zoos et parcs animaliers jouent le rôle de banque de gènes, accueillant et assurant la reproduction des espèces menacées. Il se peut que dans quelques années, certaines espèces aient cessé d’exister à l’état sauvage. Les générations futures découvriront ces populations encore vivantes derrière les grilles des zoos. A Chizé, dans les Deux-Sèvres, Zoodyssée est un parc animalier de 25 hectares où vivent et se reproduisent plusieurs centaines d'animaux européens, pour certains en danger. Situé sur le site des sciences et de la nature de la forêt de Chizé (Réserve biologique intégrale), le parc participe aux programmes de gestion et de protection de la faune sauvage.
www.zoodyssee.org

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